Madagascar - Transports : les PPP appuient le bilan 2018

Le Ministère des Transports et de la Météorologie se tourne vers les partenariats publics-privés après l'arrêt progressif des subventions publiques dans les infrastructures (cliquer sur l'image).


Par Tsirisoa Rakotondravoavy | Journal de l'Economie 


ANTANANARIVO - 31/12/2018 - Le Ministère des Transports et de la Météorologie dresse son bilan en année pleine, moins d’un an et demi après la prise de fonction du Ministre Beboarimisa Ralava. Ce ministère affiche un résultat globalement positif, de trimestre en trimestre, et secteur par secteur, malgré sa forte exposition aux aléas climatiques et aux vétustés des matériels et des infrastructures. Le Ministre a, depuis le début de l’année, mis en avant l’importance des partenariats public-privé, fer de lance de son département suite au désengagement progressif opté par l’Etat dans le financement des infrastructures de transports.



Des efforts ont été entrepris dans chaque secteur depuis le début de l’année, sinon bien avant 2018 : amélioration de la sécurité routière et contrôle des véhicules de transports publics pour le transport routier urbain et national, des moteurs ont été fournis au transport ferroviaire FCE, les infrastructures ont été créées et d’autres rénovés pour les secteurs portuaires et aéroportuaires. En cette fin d’année 2018, le Ministère des Transports et de la Météorologie présente son bilan en année pleine.

Transport routier : nouvelles gares, connectivité et sécurité

L’année 2018 pour le transport routier a été marquée par la mise en place des nouvelles gares routières régionales et nationales, une étape capitale dans la création de conditions sécuritaires optimales, de confort amélioré pour les usagers et pour la connectivité nationale. Les nouvelles gares routières nationales, à Andohatapenaka et à Ambohimanambola, ont été conçues de manière à ce que ces deux points opèrent sur le long terme. Des partenaires privés gèrent ces infrastructures et ont également contribué financièrement à leur construction. La mise en place de nouvelles normes y a été principalement respectée pour la sécurité et le confort des usagers et des opérateurs de transport.

Cette première étape, accompagnée par la création des gares routières régionales à Vangaindrano et à Mananjary, oblige les transporteurs et les usagers à un respect strict de l’intégrité physique des infrastructures mais également à un respect des règles appliquées aux transporteurs sur les routes aussi bien nationales qu’urbaines. Aussi, le Ministère a durci les contrôles sur les transporteurs afin de diminuer les risques d’accident sur les routes. Ces derniers vont désormais opérer avec du matériel contrôlé en respectant de manière progressive les normes de sécurité et de confort requises. Des contrôles renforcés au nombre de 3.259 ont été réalisés pour baisser de 15% le nombre d’infractions. 131 cas d’alcoolémies ont été recensés, grâce notamment à la mise à disposition de matériel d’alcootest en contrat PPP avec le Ministère. Des textes de lois ont été adoptés dans ce sens sur les normes des gares routières voyageurs, la gestion et exploitation gares routières.

Le Ministère a également recensé les points d’arrêt des transports urbains, en initiant des travaux d’amélioration sur ces points, tant sur leur qualité que sur leur emplacement. Ce sujet capital au transport urbain est destiné à améliorer progressivement la fluidité et la sécurité de la circulation urbaine, ainsi qu’à conférer un rôle d’éducation à l’endroit des usagers, des transporteurs et des automobilistes. Des abribus ont été installés et réhabilités à Antananarivo et à Mahajanga.

L’ensemble de ces projets mis en oeuvre pour le secteur routier le ramène à 81% de taux réalisation pour l’année 2018, et oblige ce secteur à maintenir ces efforts pour les années à venir.

Transport maritime : extension des Ports de Toamasina, de Nosy-Be et d'Ankify

Le transport maritime est un secteur lourd à financer. Il a pourtant fait une réalisation à un taux de 44% cette année. Son projet pilote, qui est le port de Toamasina, a engagé les premiers travaux de son extension cette année. Le port de Toamasina traitent 90% des marchandises importées et exportées à Madagascar, à 2,7 millions de tonnes de marchandises en 2017, dont une partie est traitée dans 243.000 containers. Ces chiffres sont appelés à croître dès cette année avec une croissance des trafics à 7% pour les containers et 3% pour les marchandises conventionnelles, selon la Société du Port Autonome de Toamasina (SPAT). Les coûts des travaux annoncés sur l’extension de ce grand port d l’Est est à 639 millions de dollars,  sur lesquels le japonais JICA (Agence japonaise de coopération internationale) a accordé un prêt de 411 millions de dollars à l’Etat, remboursable sur 40 ans, l’Etat participe aux 228 millions de dollars restant. Aux alentours de 2022, une partie de l’extension sur 10 hectares sera opérationnelle. Ce chantier sera livré en 2025 pour accompagner la croissance annuelle des futurs trafics et pour soutenir ce poumon dont dépend en grande l’économie nationale. La SPAT prévoit également que le flux traité sur le port sera triplée après la livraison totale de ce chantier.

D’autres travaux ont également été engagés cette année par ce secteur : l’extension des ports de Nosy-Be et d’Ankify destinés au tourisme local, les embarcadères / débarcadères des ports du Canal des Pangalanes, de Lokintsy à Sainte-Marie, de Mahanoro et de Masiakampy.

Le secteur maritime a également réformé le Code Maritime et signé la ratification de textes avec l’Organisation Maritime internationale (OMI), ainsi que des textes sur les activités marines, les redevances portuaires et les flux maritimes. Le transport maritime est un secteur lourd à financer. Il a pourtant fait une réalisation à un taux de 44% cette année.

Transport ferroviaire : amélioration continue du réseau FCE

Le Réseau Nord étant géré par le concessionnaire Madarail, ce dernier est dans l’obligation d’entreprendre une amélioration continue des infrastructures et des trains sur l’axe Antananarivo - Toamasina. Les réseaux Antananarivo - Antsirabe et Moramanga - Alaotra ont été réhabilités cette année.

L’axe Fianarantsoa Côte Est appelé Réseau Sud reliant Manakara joue un rôle capital pour le désenclavement de la région Sud-Est. Cette voie embarque en année pleine, ou à chaque saison de récolte, les produits agricoles locaux destinés au commerce régional et des passagers des zones reculées de cette région. Le but principal est l’amélioration de la connectivité régionale, au vu du mauvais état des routes, notamment en saison cyclonique. Le réseau FCE constitue ainsi un potentiel de développement important qui attire les investisseurs. Le Ministère a engagé des négociations avec des sociétés privées pour la reprise de la gestion de cet axe. En attendant, les moteurs et induits  des locomotives opérationnelles ont été multipliés en nombre pour pallier aux pannes de ceux qui ont fonctionné auparavant. Le réseau FCE a également été réhabilité sur 74 kilomètres. Le secteur ferroviaire sur la FCE a affiché un taux de réalisation de 15% au quatrième trimestre 2018.

Transport aérien : chantier à Ivato et à Nosy-Be, des entreprises privées sur les 44 aérodromes

Des investissements lourds étaient nécessaires pour les aéroports pour pouvoir les préparer aux nouveaux marchés dont le plus récent est le Marché unique du Transport aérien en Afrique (MUTAA). Madagascar est en pleine mise en oeuvre sur la mise en conformité des aéroports des grandes villes de Madagascar depuis deux ans pour les certifier auprès de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationales) afin de recevoir des vols internationaux et régionaux. L’arrêt progressif des subventions publiques dans la gestion des infrastructures a ramené le Ministère des Transports et de la Météorologie à se tourner vers des professionnels privés des métiers aéroportuaires pour mettre en concession les aéroports et aérodromes malgaches.

Les projets des aéroports internationaux d’Antananarivo et de Nosy-Be constituent des projets pilotes afin de permettre d’améliorer les infrastructures existantes. Ces deux aéroports sont gérés sous un contrat de concession de 28 ans avec la société Ravinala Airports, filiale malgache d’Aéroports de Paris (ADP), de Bouygues International, et du financier Meridiam. Les travaux avancent à grands pas, et ce consortium prévoit la livraison de l’aéroport de Nosy-Be au début 2019, et celui d’Antananarivo en milieu de l’année 2019. L’OACI a également émis ses prescriptions pour la certification des autres aéroports malgaches : Toliara, Taolagnaro, Toamasina, Mahajanga, Antsiranana, Morondava et Sainte-Marie. Le Ministère s’attend à ce que cette phase sera aboutie courant 2019. Les aéroports de Toliara et Taolagnaro accueillent déjà depuis le début du mois de décembre 2018 des vols d’Air Austral et Air Madagascar provenant de Saint-Denis, à la Réunion. Cette étape est
destinée principalement à l’amélioration de la connectivité aérienne entre Madagascar et les pays des régions Afrique et Océan Indien, et faire croître le nombre de compagnies aériennes étrangères desservant Madagascar et le nombre annuel de touristes entrant dans le pays, comme c’est stipulé dans la Lettre de la Politique nationale du Transport Aérien, adopté par le gouvernement.

Pour les 44 aérodromes secondaires des régions, dont certains sont situés dans des petites localités, Aéroports de Madagascar (Adema), délégataire de l’Etat dans la gestion des aéroports, a établi un programme pour les mettre en gestion avec des sociétés privées locales, le contrat pouvant varier de la concession, ou de gestion en partenariat entre Adema et les sociétés privées. Ce programme est en cours de mise en oeuvre pour permettre de rouvrir ces aérodromes au transport aérien public. Plusieurs régions devraient sortir de leur enclavement car ce projet donne un rôle socioenvironnemental à ces 44 aérodromes. Des opérateurs économiques actifs dans plusieurs secteurs, comme la production et la collecte de produits régionaux à forte valeur ajoutée (vanille, fruits de mer, girofle, …) ou dans l’industrie minière, ont déjà émis leur intérêt sur ce vaste projet classé dans les PPP.

Des travaux ont été entrepris et livrés dans ce sens pour les aérodromes de Manakara, Mananara et Mananjary. Les pistes de ces aéroports, avec celles de Maroantsetra et de Fianarantsoa ont été remises en état cette année.

Côté compagnie, l’Etat a également réalisé un effort considérable, en stoppant les subventions publiques destinées à Air Madagascar, en décaissant l’enveloppe de 303 milliards d’ariary pour le désendettement de cette dernière. Ce processus rentre dans le cadre du partenariat signé en 2017 avec Air Austral pour le redressement de la compagnie nationale malgache, et le lancement en juin 2018 de la compagnie Tsaradia pour les vols intérieures.

Le transport aérien a atteint un taux de réalisation de 90% grâce à tous ces projets engagés par le Ministère dans le cadre du PPP.

Météorologie : défis sur la résilience climatique

Il est connu que Madagascar fait partie des pays les plus exposés aux risques climatiques. La Direction générale de la Météorologie, qui délivre les bulletins météo nationaux, a mis un effort particulier dans la communication, à l’endroit du public et des autres secteurs du Ministère, pour améliorer la réaction du pays face à ces risques (cyclones, pluviométrie anormale, …). Cette direction générale, rattachée au Ministère, a engagé de multiples partenariats avec le GIZ, l’Union Européenne et le PNUD pour l’appuyer dans ces efforts, notamment dans la gestion des risques cycloniques.

A cet effet, deux projets ont été mis en œuvre dont le premier dans les régions de Boeny, Diana et Atsimo Andrefana et le second dans les régions de Analamanga, Atsinana, Androy, Anosy et Atsimo Andrefana en vue d’améliorer la résilience de la population face aux changements climatiques. Concrètement, ces projets consistent en l’amélioration de la disponibilité des informations climatiques, hydrauliques et agro-météorologiques à travers l’expansion du réseau des stations météorologiques. Ce département affiche un taux de réalisation annuel de 80%.


"Le bilan de l’année 2018 pour le Ministère des Transports et de la Météorologie, que je gère, illustre les défis affrontés par Madagascar pour son développement économique. Le pays a hérité de vieilles infrastructures et les travaux d’entretien et de rénovation coûtent cher à l’Etat. Lors de ma prise de fonction dans ce ministère en août 2017, presque l’ensemble des infrastructures de transports souffrait de détérioration avancée, elles sont passées d’âge pour s’adapter aux normes et aux marchés actuels, notamment les aéroports et les ports, qui sont les premières portes d’entrée sur la Grande Île. La qualité de ces infrastructures et les normes qui y sont appliquées conditionnent pourtant plusieurs points importants pour le secteur des transports : la sûreté et la sécurité, la connectivité entre les villes de Madagascar, la connectivité régionale, avec l’Afrique et l’Océan Indien, et internationale.

Depuis, j’ai invité l’ensemble de mes collaborateurs à œuvrer dans le cadre de ce thème de la connectivité, dans tous les secteurs des transports, pour orienter notre pays dans un développement durable. Des projets ont été entrepris avant mon arrivée dans ce ministère, et ont eu besoin de nos appuis pour leur pérennité. D’autres ont été initiés par mes collaborateurs car nous avons hérité de contraintes lourdes qui sont la détérioration avancée des infrastructures, comme je l’ai évoqué, mais surtout que le pays subit chaque année le passage de cyclones et de périodes de grandes pluies de plus en plus alarmantes. Madagascar fait malheureusement partie des pays les plus exposés au changement climatique. J’ai mis un point d’honneur à observer ces contraintes et à agir face aux risques quand j’étais ministre de l’Environnement, où j’ai représenté à l’époque Madagascar à la conférence COP21 à Paris, et en ayant également été Directeur exécutif de la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité à Madagascar (FAPBM).

Parallèlement à la complexité de la gestion des flux de transports, ces contraintes ont été analysées de manière globale par le Ministère des Transports et de la Météorologie, afin de proposer des solutions, à court comme à long terme. Toutes les directions générales, celle des transports terrestres, des transports maritime, fluvial et aérien, et celle de la Météorologie, ont été mises à contribution pour élaborer des solutions suivant des plans annuels bien déterminés. Ces plans ont été conçus pour répondre à des problématiques précises suivant les demandes des usagers des transports tous secteurs confondus, suivant une gestion rigoureuse des risques sécuritaires et climatiques que notre pays subit à chaque saison cyclonique, sinon en permanence. Malgré leur complexité et le désengagement progressif de l’Etat dans la création et la gestion des infrastructures, ces contraintes nous ont permis de proposer des solutions adaptées à chaque région, à chaque secteur, afin de mettre en œuvre une gestion des flux de transports qui approche progressivement le niveau optimal. Je remercie à cet effet tout d’abord mes collaborateurs pour l’effort entrepris, et surtout pour l’effort encore à fournir à l’avenir, sans oublier tous nos partenaires, institutionnels et privés, dans la mise en œuvre de l’ensemble de nos projets. 

Je cite ici les projets les plus importants : la fourniture de nouveaux moteurs pour les locomotives du réseau Fianarantsoa Côte Est, l’extension du Port de Toamasina avec la JICA, la construction du nouveau terminal international à l’aéroport d’Antananarivo-Ivato et la rénovation de l’aéroport de Nosy-Be-Fascène avec Ravinala Airports, le projet de partenariat avec la Chine sur l’aéroport de Toamasina, les nouvelles gares routières à Antananarivo et dans les régions. Les tâches à accomplir dans le domaine des transports et de la météorologie sont multiples et complexes. Elles ne s’exécutent pas de manière isolée, loin de là. Nul n’ignore que de ce département dépendent le développement de plusieurs activités qui appuient la croissance économique de Madagascar : le Commerce intérieur et extérieur, le Tourisme, les industries lourdes, …

Ainsi, à l’image des efforts fournis dans les nombreux projets d’infrastructures développés jusqu’ici et à développer à l’avenir dans les transports, sur les gares routières, sur les ports et aéroports, j’en appelle à tout un chacun, aux citoyens et usagers, aux opérateurs de transports, aux partenaires institutionnels et privés, au respect de l’intégrité physique de ce qui a été réalisé, au respect des normes et aux efforts communs qui nous attendent encore pour appuyer l’économie malgache. Encore faut-il rappeler que les infrastructures sont l’image d’un pays à bâtir, d’une République à transmettre à la génération future".

BEBOARIMISA Ralava, Ministre des Transports et de la Météorologie - Madagascar 

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